Vous avez peu de chance d'avoir une question de cours en EMC sur ce sujet : on vous demandera plutôt de répondre avec des arguments à une question tirée d'une situation de la vie quotidienne. Comme indiqué en classe, les questions peuvent être multiples.

Exemple de question : une personne de votre entourage affirme que l'on ne peut plus faire confiance aux médias. Vous lui expliquez pourquoi cela n'est pas vrai et quelle démarche doit être suivie pour s'informer de façon sérieuse.

Pour répondre à ce genre de question, vous devez :

- être capable de définir le mot média

- savoir comment la liberté de la presse et des médias est garantie en France

- savoir quelles sont les limites à la liberté de la presse

- être capable d'expliquer comment récupérer une information et comment éviter les pièges de la désinformation.

Les éléments de cours et les documents qui suivent ont pour but de vous donner des éléments de réponse. A vous ensuite de vous adapter et d'organiser votre réponse en fonction de la question posée.

Les médias sont les moyens mis à la disposition d'une population afin de pouvoir s'informer. Les différents médias sont la presse écrite (développée en Europe à partir du XVIIIe siècle et surtout le XIXe siècle), la radio (apparue au début du XXE siècle), la télévision dès les années 50 puis internet.

Les médias sont donc indispensables au bon fonctionnement d'une démocratie où le pluralisme des médias est la règle. La population a donc ainsi accès à plusieurs sources d'information. De tout temps, les régimes dictatoriaux ont cherché à contrôler l'information et donc les médias : pensez au XXe siècle au régime stalinien, à l'Allemagne nazie avec leurs ministères de la propagande qui cherchaient à contrôler toute information. Aujourd'hui encore de nombreux Etats aux régimes autoritaires ont les mêmes pratiques (ex : Chine avec le contrôle des médias, Russie de Poutine...)

Dans les démocraties comme la France, la liberté de la presse et donc des médias est garantie par des lois.

En France la loi la plus importante date de 1881 et n'a pas changé depuis ! Elle affirme que tout journal ou écrit périodique peut être publié sans autorisation préalable. Cela permet un pluralisme des médias : ceux-ci peuvent publier une information sans contrôle de l'Etat, ce qui assure une liberté d'expression.

La liberté de la presse et en général des médias a toutefois des limites.

La première limite est la loi : en France la loi condamne les insultes mais également la diffamation (vous n'avez pas le droit d'écrire quelque chose de faux sur une personne) et le "droit à l'image" (on ne peut diffuser un enregistrement audio, photo ou vidéo de vous sans votre consentement).

La liberté d'information a également des limites pour d'autres raisons :

- dans tous les pays, les médias sont de plus en plus souvent la propriété de grands groupes industriels ou financiers, ce qui peut poser problème. Par exemple, en France, la chaine TF1 est la propriété du groupe Bouygues (connu surtout pour les téléphones mais aussi très présent dans la construction). On imagine mal la chaine faire un reportage critiquant Bouygues qui est son propriétaire. Le groupe financier Bolloré concentre de plus en plus de pouvoir dans les médias (propriétaires des chaines Canal +, C8 et Cnews, la chaine de radio Europe 1, les journaux Géo, Voici, ça m'intéresse, Capital, le journal du Dimanche (JDD) et Paris-Match. Cette concentration du pouvoir de l'information inquiète de nombreuses personnes car elle peut remettre en question le pluralisme de l'information.

- les journaux, les radios et les chaines de télévision sont aussi très dépendantes financièrement des revenus obtenus par les publicités. Il peut donc exister des conflits d'intérêts quand un groupe industriel est le client régulier d'une chaine.

- Les règles déontologiques peuvent aussi parfois ne pas être respectées : un média peut être tenté de publier une information non vérifiée afin de gagner de l’audience… Ce n'est pas obligatoirement de la malveillance, cela peut être dû à de l'incompétence ou à une simple étourderie mais l'information donnée peut être totalement fausse. Plusieurs exemples d'informations erronée sont faciles à trouver sur internet mais il ne faut pas en tirer une généralité. 

Dans l'immense majorité des cas, les journalistes respectent les règles déontologiques de la profession et c'est assez facile à comprendre : dans le cas contraire, ils perdraient toute crédibilité auprès du public, ce n'est donc pas dans l'intérêt d'un média.

Il ne faut donc pas douter de tout et imaginer que toute information est manipulée. Vous êtes dans ce cas aux portes de la paranoïa et déjà dans les théories du complot. La grande majorité des journalistes mettent un point d'honneur à respecter une déontologie, et font un travail sérieux d'information qui peut souvent déranger les personnes ayant un quelconque pouvoir.

Il ne faut pas oublier que la liberté de la presse et le pluralisme dans les médias sont essentiels au bon fonctionnement d'une démocratie.

Internet, un média particulier.

Le plus récent des médias est particulier par les possibilités qu’il offre, inconnues jusqu’alors des autres médias :

    - instantanéité de l’information : un événement peut être porter à la connaissance de tous en quelques minutes (ce qui pose le problème de la vérification des informations).
    - interactivité de l’information : internet permet aux lecteurs de participer (rôle des forums) mais aussi de compléter l’information.
    - Informations en quantité quasi illimitée : la masse des données quotidiennes est énorme.
    - présence de tous les autres médias sur internet (presse, radio, télévision), ce qui montre l’importance de ce média dans l’information aujourd’hui.
    - Enfin, parce qu’il donne la possibilité de s’exprimer à n’importe qui sans grand contrôle, internet permet la diffusion d’informations qu’il faut recevoir avec prudence. Il est en effet le seul média où l’expression de professionnels de l’information est minoritaire.

Cette liberté extrême de publier, inconnue avant internet, soulève de nombreux problèmes. Si certains associent internet à un progrès pour la démocratie et les libertés, pour d'autres il représente plutôt un danger car jamais la désinformation n'a été aussi développée, ce qui participe à fragiliser les démocraties en semant le doute sur presque tout.

Théories du complot et désinformation sur internet

a) Les théories du complot, un phénomène en plein essor.

Les sujets qui permettent de développer une théorie du complot ne manquent pas. En effet, il est très facile aujourd'hui de manipuler à l'aide d'un ordinateur des interview, une bande son ou des images (c'est ce qu'on appelle les deepfakes). Le moindre élément curieux peut rapidement être exploité par des théoriciens du complot dans des buts variés (le plus souvent politique). Aux Etats-Unis, Donald Trump relaie sans complexe sur les réseaux sociaux de fausses informations et considère que les critiques faites par ses adversaires sont des fake news (des mensonges en français).

Ces théories sont aussi alimentées par les secrets entretenus par les Etats (exemple de la zone 51 aux Etats-Unis censée abriter des technologies extre-terrestres) ou par les mensonges réels des gouvernements. Ces derniers renforcent la méfiance et entretiennent l'idée que "l'on nous ment".

Enfin, ces théories sont séduisantes, surtout auprès des plus jeunes, car elles apportent une part de mystère et d'imaginaire (et donc d'aventure) qui nous transporte loin du quotidien.

En résumé, les théories du complot :

- utilisent le plus souvent une démarche qui se présente comme "scientifique" (on veut apporter la preuve par une démonstration).

- jouent sur l'entretien du doute.

- rejettent les explications scientifiques car les médias traditionnels "mentent".

- profitent largement d'internet pour se propager.

- séduisent certains par l'imaginaire qu'elles apportent.

Les complotistes s'attaquent à tous les sujets : certains remettent en question l'existence des camps d'extermination pendant la seconde guerre mondiale. On les appelle les négationnistes.

Résumons : la désinformation et les théories du complot s'appuient sur l'ignorance pour se développer. Elles ont trouvé avec internet et les réseaux sociaux l'outil idéal pour proliférer et mettre en danger notre démocratie en propageant des mensonges des plus grotesques (un exemple si vous voulez rire : certaines personnes nommées les "platistes" tentent de faire savoir que la Terre est plate) aux plus sinistres (négation des crimes nazis).

Face à ce déluge d'informations, quelle attitude avoir ?

Plusieurs vérifications sont indispensables face à toute information :
    - vérifier l’origine de l’information (un site d’un journal connu, un particulier). Des outils existent pour retrouver l’origine d’une photo ou d’une vidéo comme l’outil youtube data Viewer proposé par Amnesty International.
    - recouper l’information avec d’autres sites (si possible des sites officiels - pour la France site en gouv.fr - ou des sites de médias connus et sérieux comme Le Monde, Médiapart…).
    - se méfier des sites annonçant des théories du complot qui utilisent souvent les mêmes méthodes : semer le doute, diffuser des informations en apportant des « preuves » par une démarche qui se présente comme scientifique.
    - faire une recherche en tapant le nom du site ou pour les photos en consultant des sites comme TinEye, moteur de recherche d’images inversé, ou Google images.

Face au développement exponentiel des sites complotistes et des "fake news" popularisées par Donald Trump, les médias traditionnels ont développés des outils de "fact checking", c'est à dire des sites ou des blogs décodant les fausses rumeurs et les théories du complot.

C'est le cas de l'Agence France Presse (AFP) qui propose le site https://factuel.afp.com/

Le journal Le Monde propose l’outil Decodex à la page suivante : http://www.lemonde.fr/verification/
Cet outil vous permet d’obtenir des informations sur les sites que vous pouvez consulter sur internet.

D'autres sites proposent des solutions de vérification de l'information face à l'avalanche des fausses informations sur internet et les réseaux sociaux en particulier. C'est le cas du site Fact and furious (rien que le nom mérite d'y aller).

Bref, ne vous contentez jamais d’une seule source d’information et demandez-vous toujours qui publie une information tout en comparant avec celles données par d’autres médias.
Le citoyen doit donc, face aux informations données par les médias garder un esprit critique : il faut se demander qui propose l'information et comparer celle-ci dans plusieurs médias afin de s'informer réellement et non pas accepter tout sans réfléchir. N’oubliez pas que les réseaux sociaux ne sont pas des médias mais une simple concentration d’avis personnels et que trop souvent ce sont les plus ignares qui pensent avoir réponse à tout.

b) Désinformation et réseaux sociaux.

Nous l'avons vu, une information fiable, c'est à dire à laquelle on peut faire confiance, suppose de se poser la question de l'origine de l'information. La majorité des médias traditionnels (presse écrite, radio, télévision) font travailler des journalistes qui doivent vérifier leurs sources avant de rendre public une information.

Depuis le développement des réseaux sociaux, la désinformation n'a jamais été aussi puissante. En effet, les réseaux sociaux, donnant la parole à tout le monde, ne peuvent être considérés comme des médias. Toutes les études montrent que les plus jeunes ne regardent presque plus la télévision et vont chercher de l'information sur les réseaux sociaux (par exemple en 2018 la moitié des adolescents américains utilisaient Snapchat alors que seulement 4% regardaient encore la télévision pour s'informer).

Le cas Tik Tpk, l'exemple parfait.

Tik tok est aujourd'hui le réseau social le plus utilisé chez les plus jeunes. Ce constat pose problème pour plusieurs raisons :

Tik tok est une entreprise chinoise contrôlée par le gouvernement chinois qui n'est absolument pas démocratique : il en découle que Tik tok offre le moyen pour la Chine de donner une image positive du pays tout en dénigrant les régimes démocratiques occidentaux.

D'autre part, la Chine utilise Tik tok comme moyen de désinformation et de propagande : beaucoup d'utilisateurs se servent du moteur de recherche intégré dans Tik tok au lieu du moteur de recherche classique de Google par exemple) pour s'informer et les résultats sont souvent surprenants (par exemple, lancez la recherche "premiers pas de l'homme sur le lune" sur Tik tok et dans le moteur de recherche de Google : vous constaterez que les vidéos Tik tok,  remettent en cause l'authenticité des missions spatiales des Etats-Unis sur la lune). On peut donc affirmer que Tik tok est une arme utilisée par le gouvernement chinois pour développer la désinformation et contrôler les opinions publiques.

Pour ceux que le sujet intéresse, voici le lien vers des vidéos :

Enfin, pour vous faire sourire et vous montrez que tout peut être interprété comme un complot, une vidéo d'une série produite il y a quelques années par Canal +, le complot.